mercredi, janvier 22, 2025
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Dossier CAMES/ L’ex ministre  Lamadokou rattrapé par un faux Master et un soupçon de fraude sur un article

Le paysage politique togolais est secoué par une révélation qui, si elle se confirme, pourrait marquer la chute définitive d’une figure autrefois influente du gouvernement. Kossi Gbényo Lamadokou, ex-ministre de la Culture et du Tourisme, fait aujourd’hui face à des allégations graves concernant la validité de son diplôme de Master, utilisé pour obtenir son titre de docteur. Les faits dévoilés par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), dans un rapport dont nous avons copie, laissent planer un doute sérieux sur l’intégrité de l’ancien ministre.

Un diplôme de Master douteux

Le rapport accablant du CAMES, issu de la 46e session des Comités Consultatifs Interafricains (CCI), révèle une série d’anomalies dans le parcours académique de M. Lamadokou. La première concerne le diplôme de Master qui aurait permis à l’ancien ministre d’entamer sa thèse de doctorat. Selon les évaluations du CAMES, le diplôme en question soulève de nombreuses interrogations quant à sa fiabilité. Le nom, la fonction et le grade du signataire du diplôme sont à peine lisibles, ce qui constitue une première alerte. Pire encore, l’établissement qui aurait délivré ce document est présenté comme un simple cabinet de formation professionnelle, loin d’être une institution académique reconnue.

L’incohérence la plus flagrante, cependant, réside dans l’affiliation présumée de M. Lamadokou à un groupe d’études à Cotonou, mentionné sur le diplôme. Or, cette affiliation ne figure nulle part dans le curriculum vitae ou les documents officiels soumis par l’intéressé. Pour couronner le tout, le cachet du diplôme porte la mention « compagnie de formation » plutôt que le nom de l’établissement émetteur, renforçant ainsi le soupçon de supercherie.

 

Une fraude sur une publication scientifique

Comme si cela ne suffisait pas, le CAMES pointe également du doigt une tentative de fraude encore plus audacieuse. L’ancien ministre aurait tenté de se faire passer pour l’auteur d’un article scientifique intitulé « Mécanismes de gestion de l’information en milieu rural et paix sociale dans la région des plateaux au Togo », prétendument publié dans la revue ACAREF en mai 2021. Cependant, une vérification simple montre que cet article n’apparaît nulle part dans le numéro en question, accessible au public, selon le CAMES.

Les enquêteurs du CAMES sont allés plus loin en comparant les articles publiés et celui soumis par M. Lamadokou. Il semblerait que l’ex-ministre ait tenté de remplacer un article existant par le sien, ce qui constitue une tentative flagrante de manipulation. Le document soumis présente des défauts de mise en forme que même une revue académique de second ordre n’aurait pu laisser passer, notamment une page pratiquement vide là où devrait se trouver un contenu substantiel.

 

Vers la déchéance d’un titre ?

Le rapport du CAMES est sans équivoque : la fiabilité du diplôme de Master de M. Lamadokou est hautement discutable, et ses méthodes de recherche sont jugées insuffisantes, voire frauduleuses. Ce qui avait débuté comme une ascension impressionnante au sein de l’appareil étatique togolais pourrait bien se terminer par une chute vertigineuse. Le titre de docteur, autrefois synonyme de prestige et de reconnaissance, pourrait bien être retiré à celui qui l’a acquis sous de faux prétextes.

Dans un pays où les titres universitaires sont encore perçus comme des symboles de respectabilité, l’affaire Lamadokou pourrait avoir des répercussions bien au-delà de la simple sphère académique. Elle interroge sur les critères de sélection des élites togolaises et sur l’intégrité des processus qui mènent à de telles nominations. Si ces allégations se confirment, le Togolais moyen pourrait bien se demander combien d’autres « docteurs » ont acceder à des postes dans le pouvoir à coups de faux papiers.

Rappelons qu’avant son éjection du gouvernement, il a été accusé de détournement massif et de népotisme au ministère de la culture et du tourisme. Et avec ce dernier scandale, l’on comprend mieux pourquoi il est un petit Nicolas dans le microcosme politique avec des complots et mensonges orchestrés contre les uns et les autres.

 

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